Tournée Robinier dans le Lot et Garonne / Sud Gironde
Le Jeudi 08 mars, notre guide Dominique MERZEAU, ingénieur à l’IDF (Institut pour le Développement Forestier) services expérimentations, a débuté la visite programmée dans la région du Lot et Garonne pour la finir dans le Sud de la Gironde le massif du robinier par excellence.
La première parcelle visitée avec un antécédent cultural mélangé de robiniers, chênes et pins, a été exploitée en 1991 en coupe rase, puis après une régénération naturelle un passage de rouleau landais a eu lieu l’année suivante. La première éclaircie s’est déroulée en 2003 en enlevant 57 % des 3000 tiges pour n’en laisser que 1200 à l’hectare, les tiges culminées déjà à 14 mètres de haut. En 2013 une dernière éclaircie a eu lieu pour ramener la densité à 800 tiges par hectare. Entre les deux éclaircies a été procédé à un détourage de 200 tiges tout en laissant un témoin non éclairci.
Il est à noter que depuis 2002 l’accroissement cumulé en circonférence des tiges est de 16,4 cm pour le témoin, 20,7 cm pour la placette détouré, 20,6 pour la placette avec 2 éclaircies modérées et 21,6 cm pour l’éclaircie forte.
L’objectif de cette station est de mettre au point un itinéraire sylvicole permettant d’obtenir plus rapidement des tiges de plus gros volume unitaire pour tendre vers du bois d’œuvre.
Dominique MERZEAU ingénieur à l'IDF au premier plan
La première parcelle visitée
La deuxième parcelle était un semi comparatif de 2005 avec différentes provenances sur une parcelle ayant un antécédent de culture agricole. Le semis effectué, après un labour et préparation traditionnels, s’est déroulé avec un semoir pneumatique Monosem équipé de plateaux à sorgho, avec une graine tous les 6,5 cm espacés entre rangs de 80 cm et 160 cm, donnant une densité respective de 45 000 ou 23 000 tiges par hectare au bout de deux années. 6 ans après le semis compté plus que 14 600 ou 8300 tiges à l’hectare et ramené naturellement à 4800 et 2600 tiges par hectare au bout de 10 ans sans intervention de la main de l’homme.
Quelle que soit la densité initiale il ne reste que 10 à 14 % des tiges issues de graines semées. Que le semis se fasse avec des interlignes de 80 cm ou 160 cm, on augmente pas le potentiel d’arbres de qualité. Faut il encore que le semis et la levée se fasse dans de bonnes conditions sinon cela peut impacter les résultats constatés.
Le semis direct constitue une technique économe pour obtenir à faible coût des densités élevées. Malheureusement, la technique n’est pas toujours maîtrisée : échecs répétés sur des terrains forestiers, risques liés aux conditions climatiques lors de la germination et des problèmes de concurrence herbacées en milieu agricole.
Parcelle témoin d’un semis à 45 000 tiges avec un passage non semé de 5 mètres tous les 18 rangs
Parcelle témoin d’un semis à 23 000 tiges avec un espace tous les 160 cm
La parcelle de robinier suivante visitée, âgée de 60 ans environ se trouve être une parcelle sans entretien, laissée à l’abandon par sa propriétaire qui de temps à autre fait enlever les bois morts tombés à même le sol. Nous avons pu relever des très gros bois ayant des circonférences moyennes de 180 cm.
Cette parcelle reste quand même une référence pour l’ingénieur de l’IDF Dominique MERZEAU et qui prouve que le robinier faux acacia peut, avec le temps atteindre des dimensions imposantes tout en restant sain.
La parcelle voisine qui a été exploitée il y a environ une quinzaine d’années et à ce jour elle aussi, sans interventions de l’homme, une très belle parcelle laissant penser que les tiges pourraient avec du détourage être amenées vers du bois d’œuvre de qualité.
Parcelle voisine de 15 ans
Parcelle de robinier de plus de 60 ans
A droite la parcelle de 60 ans où l'on peut juger de la hauteur des tiges
A gauche dans la parcelle de plus de 60 ans un robinier de 180 cm de circonférence ce qui donne un diamètre à hauteur d'homme de 56 cm sur écorce pour un volume au premier défaut de 3,695 m3
Après la pose déjeuner, la journée s’est prolongée par une visite de parcelle en test clonal le long de la Garonne avec des sélections françaises et hongroises. La plantation date de 2008, avec des plants sélectionnés par le CPFA (Centre de Préservation de la Fertilité Aquitaine) et issus de l’élevage de l’INRA.
Le CNPF et l’INRA ont parcouru 14 régions françaises de 2011 à 2013 pour retenir 160 peuplements de robiniers, à l’intérieur desquels environ 300 robiniers remarquables ont été sélectionnés, sur des critères de vigueur et de forme (rectitude notamment). Sur chaque individu, des boutures de racines ont été prélevées au printemps pour produire une copie végétative de chaque arbre, permettant ainsi la multiplication et la diffusion de tout le test clonal.
A l’été 2008 s'est déroulé la plantation avec une densité de 1250 tiges/ ha (4 x 2 m). En 2009 et 2010 Disquage interligne mais un problème de liseron s’est révélé sur les lignes de plantation. En 2012 pose de protection pour le gibier et une taille de fourches basses a été effectuée.
A 10 ans la hauteur moyenne des clones varie entre 11 et 16,30 mètres pour une circonférence entre 28,40 et 56,20 cm.
Deux autres critères de différenciation entre les clones sont retenus : la précocité au débourrement et l’aptitude à la fructification. Dominique MERZEAU nous a alors fait remarquer que certains sujets ne produisaient pas de graines, pourtant avec une très bonne rectitude : qu'en faire ? Ils ne seront sans doute pas retenus pour la suite du test.
L’objectif de ce test clonal est de constituer avec les meilleurs un futur verger à graines à l’initiative de la forêt privée.
L’avant dernière parcelle de la journée visitée est une plantation de 2008 de plants d’origine hongroises après une culture de maïs sur un sol profond sans facteur limitant.
Après un labour automnal et le passage d’une herse rotative, en mars 2009 les plants issus de mottes Planfor ont été installés à la canne à planter.
Deux densités différentes ont été mises en place: 1000 tiges/ ha (4 x 2,5 m sur 9 rangs) 1333 tiges/ ha (3,75 x 2 m sur 6 rangs). Lors de la plantation une protection contre les lièvres s’est imposée pour éviter les dégâts importants.
Chaque année passages d'un rotovator et une taille intensive les 4 premières années a permis d’avoir des billes de pied propre sur 5 mètres.
La hauteur moyenne varie à 8 ans entre 12 et 13,50 mètres avec une circonférence moyenne à 9 ans entre 40,20 et 43,80 cm. Une éclaircie en 2017 n’a pas permis de voir les tiges reprendre une croissance. Soit l’éclaircie n’était pas suffisante pour diminuer la concurrence, soit l’effet climatique a été prépondérant (3 années successives avec un déficit en pluviométrie).
Cette parcelle avec un itinéraire sylvicole particulier reste une déception pour l’ingénieur de l’IDF, qui aux vus des premières années laissés penser un avenir prometteur.
on peut noter l’accroissement annuel des tiges
A
B
la différence entre un rejet de souche (A) et un drageonnement (B)
Ci dessus et dessous plantation de robinier de 2008 avec densité de 1000 et 1333 tiges/ha
Notre voyage journalier s’est terminé par la traversée du massif robinier du Sud de la Gironde et du Sauternes, avant de faire une halte sur la commune de Illats pour visiter une parcelle en 5 éme rotation.
Cette parcelle aurait été (d’après les témoignages et écrits) plantée en 1909. Jusqu’en 1972 trois coupes rases ont été effectuées environ tous les 20 ans. En 1997 la quatrième coupe rase a produit 600 t/ha et 350 m3/ha soit une production de 14 m3/ha/an sur 25 ans.
De 1997 à 2010 il y a eu simplement un débroussaillage annuel et une éclaircie pour revenir à 1000 tiges/ha. Le nombre d’individus « actifs » diminue régulièrement et de ce fait le peuplement final est déjà individualisé.
En 2016 la hauteur moyenne est de 27 mètres avec des circonférences pour les drageons de 50,50 cm et pour les rejets de souches de 59,80 cm, pour une densité de 800 tiges/ha.
A gauche une parcelle voisine à celle visitée encours d'éclaircie
A droite la parcelle visitée où l’on peut noter la hauteur imposante des robiniers qui culminent à 29 mètres